[...] Seuls les zeks intellectuels de l'Archipel ont vu se détacher d'eux ces remords : ils partageaient intégralement l'infortune du populaire! Les conditions de détention sont également variables dans le temps. Il écrit à quel point l'emprisonnement à durée limitée et la détention incertaine de longue durée ont changé les gens. Il existe les planqués de zone et les planqués de la production, chacune des deux catégories regroupant des métiers différents. Ce chapitre s'intéresse au sort des femmes dans l'univers concentrationnaire du Goulag. Après la chape de plomb imposée par la guerre froide, la mémoire du Goulag resurgit aujourd'hui en Russie . Tout ce chapitre est teinté d'une ironie très forte et la dérision avec laquelle sont moqués les positionnements des bien-pensants est palpable quasiment à chaque ligne. Il décrit la volonté affichée de Lénine de prendre "les mesures les plus résolues et les plus draconiennes pour relever la discipline." Immense fresque du système concentrationnaire en U.R.S.S. Indisponible Autre version disponible Livre numérique - Fayard. Pour se faire une idée de la réalité, le livre Une demi-vie (Vitkovski) est cité : « Lorsque s'achève la journée sur le chantier, il reste des cadavres sur place. » Soljenitsyne nous livre une biographie succincte de Nephtali Frenkel, ancien détenu de droit commun, qui est décrit comme l'architecte des camps de travaux forcés tels qu'ils vont être mis en place. L'auteur explique que les conditions générales de détention des prisonniers politiques se sont beaucoup dégradées entre la période tsariste et la période soviétique, ainsi Véra Figner raconte que « ce n'était plus le directeur de la prison qui criait [sur les prisonniers politiques] mais [les prisonniers politiques] qui l'attrapaient ». L'indigène qui réunit toutes ses "qualités tribales - pression vitale, absence de pitié, débrouillardise, esprit de dissimulation et méfiance - s'appelle lui même et est appelé par les autres un fils du Goulag". La vérité est que seuls des détenus auraient pu effectuer les travaux dont il est question : "Qui, sinon les détenus, travaillerait à l'abattage d'arbres des dix heures de rang, ayant encore à parcourir dans l'obscurité sept kilomètres avant d'arriver à la forêt et autant pour revenir le soir, par trente degrés en dessous de zéro et sans connaître d'autres jours de repos dans l'année que le 1er Mai et le 7 novembre? Une fois arrivés à destination, il est fréquent que les détenus ayant survécu au transport soient obligés de construire eux-mêmes leurs baraquements, voire les voies ferrées menant au camp et qu'emprunteront les futures vagues de détenus. D'une manière générale, les tentatives de désobéissance sont sévèrement réprimées. L'Archipel du Goulag. En effet en arrivant initialement au camp de travail, les détenus doivent renseigner leur ancienne profession, afin que les gardes puissent éventuellement exploiter les compétences particulières de certains prisonniers. En effet malgré les tortures, les irrégularités, les accusations floues et les menaces il est parfois impossible de forcer les accusés à réciter la version qu'on leur a ordonné de donner à l'audience ; il relate également un cas de quasi-révolte de l'assistance lors d'un de ces procès. Soljenitsyne étudie ici la peine de mort, ou « mesure suprême de protection sociale » selon sa dénomination officielle. L'auteur note que la doctrine de l’État semble être : « Tirez sans cesse, et vous finirez bien par atteindre celui qu'il faut ». Les écrivains appellent cela "l'audacieuse formulation tchékiste d'une tache technique". autobiographie Pour les sculpteurs c'est un peu plus dur, de même que pour les musiciens. Ils ne doivent jamais se taire." Ils recourent à d'iniques stratagèmes pour s'adonner à leurs méfaits qui vont du passage à tabac au viol collectif. Les conditions de vie y sont similaires à celles que l'on trouve dans les convois (surpeuplement des cellules, nourriture insuffisante, difficulté à faire ses besoins, mauvais traitements de la part des gardes et des détenus de droit commun). Les combats contre ces unités furent acharnés, preuve de la motivation des dissidents. Ce jugement s'applique d'ailleurs également aux simples gardiens car "les bons, pour eux, ce sont les gardiens de camps qui exécutaient honnêtement toutes leurs instructions de chiens, qui harcelaient et persécutaient toute la foule des détenus, mais avaient des bontés pour les ex-communistes". Les viols sont courants : "Et à la Kolyma? Leur dogmatisme est inébranlable, Soljénitsyne appelle cela leur "imperforabilité" qui leur permet d'avoir toujours raison même quand on leur démontre que le pays est exsangue et mène une politique destructrice qui ne réalise pas ce qu'elle promet. Le chapitre est majoritairement consacré à l'analyse de procès publics ayant eu lieu dans les années 1921-1922 : L'auteur commente plusieurs procès publics plus tardifs (de la fin des années 1920 et des années 1930), d'ingénieurs, de menchéviks et de fonctionnaires, et montre les limites de la mise en scène qu'ils suscitent. L'auteur note que les pièces dont personne ne veut ailleurs se retrouvent ici. Pourtant en 2003 Moshe Lewins révisa dratiquement à la baisse (par 10 ou par 20) les chiffres des arrestations et exécutions et décès dans les camps sur la base de l'ouverture des archives soviétiques en 1989. Parmi les objectifs de ce second plan : "L'extirpation des survivances du capitalisme dans la conscience des gens." Les agglomérations qui se forment à la périphérie concentrent les habitants locaux s'il y en a, la Vokhra (garde para-militaire), les officiers du camp et leur famille, les surveillants et leur famille, les ex-zeks restés sur place (bien souvent car c'est le seul endroit où ils peuvent espérer retrouver du travail après leur peine), les titulaires de passeports "impurs" (Soljénitsyne note qu'ils sont des exilés victimes d'une "semi-représsion"), les chefs du travail et enfin les citoyens libres. The Gulag Archipelago: An Experiment in Literary Investigation (Russian: Архипелаг ГУЛАГ, Arkhipelag GULAG) is a three-volume non-fiction text written between 1958 and 1968 by Russian writer and dissident Aleksandr Solzhenitsyn.It was first published in 1973, and … Mais à présent que, de toute façon, la sécurité d'Etat s'est emparée de ce livre, il ne me reste plus rien d'autre à faire que de le publier sans délai. " Le zek méprise les autorités même si « apparemment il a très peur d'elles, il courbe l'échine quand [elles] l'engueulent ». Soljénitsyne note d'ailleurs la difficulté de recueillir ce genre de témoignages car "ceux qui ont décollé ne donnent pas d'interviews". [...] Aux pieds, les chaussons d'écorce russes ont fait leurs preuves [...] Ou bien un morceau de pneu attaché directement au pied nu avec du fil de fer ou du fil électrique. L'auteur s'attarde également sur des soldats russes qui se sont regroupés autour du général Vlassov afin de combattre l'URSS avec pour objectif de la libérer des bolcheviks. D'autre part, les opposants politiques (ou ceux que l'on considérait comme tels) étaient considérés comme des opposants à la classe ouvrière et aux contre-révolutionnaires. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . Soljenitsyne explique que c'est à cause du risque d'indocilité des accusés que Staline renonce finalement aux procès publics à la fin des années 1930. L'emploi du temps ne laisse aucun répit au prisonnier. On y trouve par exemple un général d'aviation très imbu de lui-même persuadé qu'il est tout à fait normal pour lui de se trouver dans cette position avantageuse, un ancien gradé de la police politique qui malgré un abord très courtois et avenant a laissé derrière lui "de nombreuses fosses communes remplies de prisonniers" ou encore un vieux médecin, planqué de par sa profession, terrifié à l'idée de perdre sa place. Évidemment ils sont très enclins au mouchardage et dénoncent volontiers les autres détenus qui auraient émis des opinions négatives vis-à-vis du camp ou du parti. Leur conception du monde confine au fatalisme, qui s'accompagne naturellement de nombreuses superstitions. L'Etat n'a pas le droit d'être aussi féroce, au point de pousser ses sujets à le tromper.". Bien souvent, ceux-là n'atteignent pas le camp et sont passés par les armes. En outre, il a poursuivi sa formation et est devenu officier dans l'armée, au moment de la bataille de Stalingrad, ce qui lui a permis de connaître les privilèges du pouvoir. Soljenitsyne parsème son propos d'anecdotes terrifiantes sur les conditions de vie au camp et montre une atmosphère tragi-comique, mêlant l'horreur et le grotesque : les détenus sont parfois uniquement vêtus de simples sacs troués, les humiliations sont omniprésentes et les punitions extrêmement cruelles (les prisonniers peuvent être contraints de se maintenir sur une perche tendue "de telle façon que les pieds ne peuvent toucher terre" et battus s'ils perdent l'équilibre, précipités du haut d'un escalier de 365 marches ligotés à une bûche ou encore attachés nus à un arbre et livré "à la merci des moustiques".) "Pour gagner cette nourriture aqueuse, incapable de couvrir les dépenses du corps, on brûle ses muscles à effectuer des travaux épuisants, [...] et les stakhanovistes meurent avant les réfractaires. Soljenitsyne hésita longtemps quant à la pertinence de cette publication ; la police secrète précipita sa décision. Immense fresque de l’univers concentrationnaire soviétique, dont Soljenitsyne fut l’une des nombreuses victimes, L’Archipel du Goulag est un livre de témoignage et de combat. Sans compter la presse de camp, soit sous forme d'affiches murales, soit à grand tirage. Soljenitsyne décrit les « procès » expéditifs et joués d'avance, le transport des prisonniers (où la mortalité était déjà importante), le régime d'oppression des camps et l'augmentation des arrestations et des effectifs de « zeks » sous Staline jusqu'en 1953, effectifs très supérieurs à ceux de l'appareil sécuritaire tsariste, et qui servirent aussi à peupler de force la Sibérie et le Kazakhstan, puisque la majorité des survivants y étaient assignés à résidence après leur libération (en outre, le russe étant la langue de communication entre peuples de l'URSS, ils y étaient aussi un facteur de « russification »). 30,99. Solyénitsyne note : "Un rideau de fer s'abattit tout autour de l'Archipel". L'auteur donne des exemples de destructions arbitraires d'oeuvres de détenus parce qu'elles ne plaisaient pas à la hiérarchie, qui jugeaient qu'elles contrevenaient à la vérité du communisme. L'auteur condamne la moralité des planqués de zone, contraints de couvrir les agissements de leurs supérieurs corrompus qui prélèvent de la nourriture et des biens destinés aux zeks : "il est bien difficile pour le planqué de zone d'avoir une conscience que rien ne vient assombrir." Vient ensuite le tabac, puis le sommeil. "Tous les besoins [se font] dans la cellule même, sans sortir pour aller aux cabinets. Pour Soljénitsyne, les choses ne sont donc pas simples : ce ne sont pas des hommes « à l'âme noire » qui ont commis tous ces crimes, et la ligne de partage entre le bien et le mal passe dans le cœur de chaque homme, se déplaçant au gré des circonstances, poussant les hommes tantôt du côté des diables, tantôt du côté des saints. La guerre finira de dégrader la situations dans les camps, Soljénitsyne précise : "qui n'y a pas été pendant la guerre ne sait pas ce qu'est un camp, [...] davantage de travail, moins de nourriture, moins de combustible, pire le vêtement, plus féroce la loi, plus sévère le châtiment". On trouve également des brigades de propagande, destinées à convaincre les autres brigades qu'elles ont tout à gagner à travailler dur, à grand renfort d'hymnes et de slogans : "A la bonne brigade honneur et gloire - Travailleur de choc, à toi les crédits - Travaille honnêtement, ta famille t'attend." Ces théories s’incarnent dans la législation avec « l’Instruction provisoire concernant la privation de liberté » du 23 juillet 1918 qui stipule : « Les personnes privées de liberté et aptes au travail sont obligatoirement invitées à travailler physiquement ». [...] Les Solovkiens n'étaient pas encore pénétrés dans leur ensemble de la ferme conviction que les fours de l'Auschwitz du Nord étaient là, allumés, et que les foyers en étaient grands ouverts à tous.". « Voilà ce que les épaulettes font d'un homme », conclut l'écrivain lucide et critique à son propre endroit. Malgré cette explication, Soljénitsyne décrit son incompréhension devant ces hommes qui "ont fait souffrir des millions d'hommes de plus que les fascistes - et pas des prisonniers de guerre, pas des peuples soumis, non : leurs propres compatriotes, sur leur terre natale!". Deux raisons essentielles motivaient leurs actions : l'instinct du pouvoir et celui du lucre. L'auteur mentionne l'existence d'un code vitrine de l'Archipel comprenant des articles comme : "le régime doit être exempt de tout caractère de persécution et proscrire absolument menottes, cachots, privations de nourriture etc." Alors "qu'en 1914 les voleurs ne faisaient la loi ni dans le pays ni dans les prisons russes", la Révolution va multiplier les mesures qui vont favoriser l'émergence d'une criminalité galopante. Dans un passage particulièrement mordant, l'auteur ajoute : "Et puis, en sus de ces causes, il existe les inadvertances si naturelles et combien excusables de la Direction elle-même. Les prisonniers sont incessamment soumis à l'action éducative : "des haut-parleurs au sommet de chaque poteau et à l'intérieur de chaque baraque. Le chapitre décrit la manière dont est rendue la justice dans les premières années de la Russie soviétique. S’engageant dans l’affaire, il affirme son soutien à Soljénitsyne[6]. Selon lui, dans le camp de prisonniers, il y avait peu d'occasions de s'entraider ou d'apprendre quelque chose de positif. L'objectif est de comprendre comment ils se sont retrouvés là et de voir qu'il n'y a pas de planqué type. Nombre de prisonniers aux Goulag, la polémique sur les chiffres dans l'après-guerre et jusqu'à la chute de l'URSS La dispute autour de l'ampleur de la population du Goulag n'est pas. Mon hurlement serait entendu par deux cents, par deux fois deux cents personnes – mais ils sont deux cents millions qui doivent savoir ! Là on les précipitait dans de grandes fosses toutes prêtes et on les enterrait vivants. prisons Suit une description de leurs "traits fondamentaux communs" : De là leur vient leur "instinct du domaine". Tout à la fois documentaire historique, sociologique, psychologique, satire mordante et dénonciation acerbe et critique non seulement du système concentrationnaire soviétique, mais également de toute une histoire politique et communiste de cet État en révolution constante qu'était l'U.R.S.S., En août 1918, Vladimir Ilitch [Lénine]...dans un télégramme adressé à Eugénie Bosch, écrivait ce qui suit: "Enfermer les douteux [non pas les « coupables »...] dans un camp de concentration hors de la ville...faire régner une terreur massive et sans merci... ». Déjà l'an dernier je comptais visiter ce musée consacré au goulag. Les milliers de lettres et témoignages reçus par Alexandre Soljénitsyne après la publication de son roman Une journée d'Ivan Denissovitch constituent la base de cette œuvre, qu'il qualifie d'" investigation littéraire " ; ces documents font de lui … Ironie finale de ce chantier, le canal enfin achevé est presque inutilisé car "il n'est pas assez profond, cinq mètres seulement". Parfois il s'agit d'une simple fosse creusée à même le sol. Par ailleurs, « l'humour est leur allié de tous les instants, sans qui la vie dans l'Archipel serait sans doute rigoureusement impossible ». Soljénitsyne souligne l'ironie de cette vision héroïque des bandits en détaillant longuement leur égoïsme patent et la bassesse qui accompagne chacune de leurs actions : "Ce sont des insoumis [...] ils jouissent des fruits de cette insoumission, et pourquoi iraient-ils se préoccuper de ceux qui courbent la tête et meurent en esclave?". Enfin il décrit les « strates [...] qui servent de soubassement » à l’Archipel : différentes institutions (souvent désignées par des acronymes) du nouvel état soviétique vont se créer, fusionner et s’agencer pour former finalement le Goulag qui donne son titre à l’ouvrage. Une fois l'Archipel établi, Soljénitsyne dévoile sur quels fondements il s'appuie pour fonctionner. Le chapitre est consacré à la description des conditions de détentions dans les prisons par lesquelles transitent les prisonniers avant de partir au Goulag. Si elles ne le sont pas assez on fait rester les gens dans les cellules en sous-vêtements." Ce chapitre détaille quelques uns des aspects de la vie des zeks et débute par les différentes sortes de travaux qu'il est possible de faire réaliser aux prisonniers : "pousser une brouette [...], Porter un bard. Immense fresque de l'univers concentrationnaire soviétique, dont Soljenitsyne fut l'une des nombreuses victimes, L'Archipel du Goulag est un livre de témoignage et de combat. Ce chapitre pose la question de la véritable utilité des camps et des détenus dans les travaux qu'ils ont effectués pour le pays. Si, outre les camps du Goulag, on prend aussi en compte les villages de peuplement, où ont été déportées des populations entières de Polonais ou de Tchétchènes entre autres, on estime à 40 millions le nombre de personnes concernées, dont 4 à 5 millions de morts, le tout sur un … Dans le dernier chapitre de la quatrième partie, Soljenitsyne décrit l’impact du système pénitentiaire sur la population d’origine soviétique. On fabrique sur place des grues en bois, même les roues de brouettes sont fondues sur place. Il rencontre Staline en 1929 et lui expose son projet qui semble séduire ce dernier. Soljenitsyne met en parallèle le faible nombre de traîtres à la patrie qu'a connu l'Angleterre à l'époque malgré les souffrances du prolétariat anglais déjà décrites en son temps par Karl Marx, et l'immense quantité de dissidents, traîtres et déserteurs allégués par Staline, preuve selon lui que le véritable « traître de la patrie » n'est autre que Staline lui-même. À texte exceptionnel, destin d’exception : rédigé entre 1958 et 1967 dans la clandestinité, il fut publié pour la première fois en France en 1974 et censuré en U.R.S.S. Ce vif accroissement après la décrue du nombre de détenus durant la guerre (1 930 000 en janvier 1941, 1 200 000 en janvier 1945), au cours de laquelle de nombreux détenus condamnés à de Il s'agit des peines que le zek se voit infliger alors qu'il a déjà purgé une partie de sa peine : "la régénération spontanée des peines, analogue à la repousse des anneaux chez le serpent". Seules quelques rares personnalités ont pu résister à ces pressions et « changer leurs corps en pierre ». dans les gisements à ciel ouvert de la Kolyma, traîner à la bricole des caisses de roche extraite? Il ne suffit cependant pas à l'accusé de s'avouer coupable, il doit également livrer le nom de ses complices supposés. Mais à présent que, de toute façon, la sécurité d'État s'est emparée de ce livre, il ne me reste plus rien d'autre à faire que de le publier sans délai », « voie, obligatoire et unique, l'arrestation », « ni les maisons voisines, ni les rues de la ville ne voient combien de personnes ont été emmenées en une nuit », « mécanisme des épidémies d'arrestations », « ni le seul, ni même le principal, mais peut-être seulement l'un des trois plus grands qui ont distendu les conduites sinistres et puantes de notre réseau de canalisations pénitentiaires », « « nettoyer » la terre russe de tous les insectes nuisibles », « à peine devenus dictateurs [puisque venait d'être instaurée la, « ces saboteurs qui se qualifient d'intellectuels », « c'est-à-dire que l'on arrêtait des gens en liberté pour les fusiller aussitôt », « le plus déguenillé des ouvriers agricoles peut parfaitement se voir classer koulakisant », « l'on s'est mis à fabriquer des affaires bidon », « reçurent l'autorisation d'appliquer la torture et les violences sans limitation », « Voilà ce que les épaulettes font d'un homme », « d'obtenir que chacun dise à haute voix : “Oui, je fus un bourreau et un assassin” », « Cependant, ce n'est bien sûr pas ce sol dégoûtant, ni ces murs sombres, ni l'odeur de la tinette que vous avez pris en affection, mais ces hommes », « mourir victorieusement à la cave, sans avoir signé un seul papier », « un abîme, mais un tournant capital de (s)on existence », « avoir tenté d'exercer une influence sur les esprits », « sentence cruelle et impitoyable sans tenir compte des "nuances individuelles de la faute" », « l'arrêté de la Vetchéka supprimant les exécutions est pour le pouvoir soviétique un objet de fierté mais ne nous oblige pas à considérer que la question des exécutions est résolue une fois pour toutes », « ce n'était plus le directeur de la prison qui criait [sur les prisonniers politiques] mais [les prisonniers politiques] qui l'attrapaient », « dégagée de toute responsabilité envers ceux qui mourraient des suites d'une grève de la faim », « 450 grammes de pain, deux morceaux de sucre, un brouet chaud mais guère nourrissant deux fois par jour, ; à gogo que de l'eau bouillante », « d'appliquer à l'égard des ennemis de classe et des éléments étrangers de sévères mesures de répression, de rigoriser le régime des camps [...] et de tenir ultérieurement pour nécessaire l'accroissement de la capacité d'accueil des colonies de travail. Au camp la situation s'inverse. C'est à eux que s'attache ce chapitre, c'est leur mentalité que Soljénitsyne entreprend à présent de décrire. Ainsi leur croyance en leur savoir absolu les conduit inévitablement aux frontières de la stupidité. Ainsi Piotr Iakoubovitch raconte-t-il avoir été convoyé séparément et avec davantage d'égards que les détenus de droit commun, avant lui Alexandre Radichtchev avait eu droit à toutes les fournitures nécessaires pour son trajet vers son lieu de détention. Parce que la vie dans le camp de prisonniers avait été conçue de manière à ce qu'« un ou deux morts reviennent à un survivant ». Ensuite, les flots ne vont plus jamais se tarir, emportant supposés opposants politiques, fonctionnaires de l'ancien régime, ceux que l'on soupçonne de conserver de l'or (pendant la fièvre de l'or qui s'empare de la Guépéou à la fin 1929), tous ceux que l'on peut rendre responsables des échecs ou des carences économiques du régime… Mais le flot le plus important fut celui des paysans dékoulakisés en 1929-1930. Furent ainsi éliminés un premier « ban » avec Iagoda, un autre en 1937 avec Nikolaï Iejov, puis Abakoumov et Béria. Paperback. En effet la prostitution auprès des planqués est quasiment leur seul moyen de survie : "les planqués de sexe masculin rangés des deux côtés du couloir étroit et les nouvelles arrivantes qu'on faisait passer nues par ce couloir. Fnac : Oeuvres complètes Tome 3, Oeuvres complètes tome 6 - L'Archipel du Goulag, Alexandre Isaievitch Soljénitsyne, Fayard". D'autres figés, la tête enfoncée entre les genoux. De plus, Soljénitsyne mentionne l'existence de "chaînes invisibles qui retenaient solidement les indigènes à leur place." Il ne fut pas le seul. En effet ils sont les ennemis naturels de la propriété privée et le régime les a naturellement considérés comme des alliés objectifs. L'origine de ce constat est à rechercher du côté de la littérature russe qui a longtemps glorifié des figures de truands comme des êtres libres et affranchis de la société matérialiste, bourgeoise et marchande, dignes ainsi des louanges des intellectuels. Qu'il se fasse connaître, le pays qui a montré autant d'amour pour ses enfants que nous pour les nôtres! C'est une thématique récurrente dans l'Archipel du Goulag, la considération que le pays tout entier est devenu une immense "zone" (c'est-à-dire une zone de détention). Dans la cinquième partie, la Katorga revient et dans la sixième partie En exil, Soljenitsyne décrit la psychologie des habitants du Goulag et compare leur sort au sein de l'exil à celui de l'emprisonnement dans les prisons notoires "chez eux". Truands ils le restent dans les camps et dépouillent sans scrupule et avec l'assentiment des autorités les prisonniers politiques. Aussi, ils étaient animés non pas par la compassion mais par la hargne et la rancœur à l'égard de ces prisonniers obstinés qui refusaient d'avouer des fautes imaginaires !